Cocktail de 38 produits, chaque jour ?
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Sur une journée, votre enfant avale 38 résidus de pesticides <= Article publié à 11h17 sur le site https://www.rtbf.be/info/societe/onpdp
Emmanuel Morimont
Emmanuel Morimont
On n'est pas des pigeons a analysé le menu d'un enfant. Le constat est édifiant. 38 traces de pesticides se retrouvent dans son assiette tout au long de la journée. Au total, on dénombre 24 substances actives dont certaines dangereuses pour la santé. Si les limites maximales autorisées ne sont jamais dépassées, un tel cocktail pose question.
C'est une enquête d'envergure. Pour la mener à bien, l'émission de consommation a collaboré avec Magali Jacobs, nutritionniste à l'Institut Paul Lambin et le Professeur Bruno Schiffers, responsable du laboratoire de Phytopharmacie à Gembloux Agro-Bio Tech - ULg. Ils ont élaboré ensemble un menu crédible pour un enfant de huit ans. "Je suis partie pour ce travail des résultats de l'enquête de consommation alimentaire qui a été réalisée en Belgique en 2014. Ce n'est pas une alimentation idéale mais ça représentait ce que les petits garçons de huit ans mangent vraiment en Belgique", nous explique la nutritionniste. Le Professeur Schiffers a quant à lui adapté ce menu en privilégiant certains aliments courants où les risques de contamination étaient probables.
C'est une enquête d'envergure. Pour la mener à bien, l'émission de consommation a collaboré avec Magali Jacobs, nutritionniste à l'Institut Paul Lambin et le Professeur Bruno Schiffers, responsable du laboratoire de Phytopharmacie à Gembloux Agro-Bio Tech - ULg. Ils ont élaboré ensemble un menu crédible pour un enfant de huit ans. "Je suis partie pour ce travail des résultats de l'enquête de consommation alimentaire qui a été réalisée en Belgique en 2014. Ce n'est pas une alimentation idéale mais ça représentait ce que les petits garçons de huit ans mangent vraiment en Belgique", nous explique la nutritionniste. Le Professeur Schiffers a quant à lui adapté ce menu en privilégiant certains aliments courants où les risques de contamination étaient probables.
Voici le menu:
20 résidus avant la pause de midi
Tous ces aliments ont été achetés en grande surface et portés chez Primoris à Gand. Ce laboratoire est accrédité pour analyser plus de 500 pesticides. Les résultats sont sans équivoque. Dans chaque plat, il y en a. "Quand on fait le total, j'ai dénombré pas moins de 38 traces différentes. Avant la pause de midi, les enfants ont déjà absorbé 20 résidus", confirme le Professeur Bruno Schiffers.
Le déjeuner est le plat où l'on retrouve le plus de traces. Onze au total. Six dans le jus d'orange pressé (fludioxonil, acetamiprid, imazalil, propiconazole, tébufenpyrad, thiabendazole) et cinq dans le Crunchy-Muesly (cyprodinyl, ndoxacarb, iprodione, metalaxyl and metalaxyl-M, pyriméthanil). La collation de 10h n'est pas en reste. Dans les raisins, les analyses révèlent la présence d'azoxystrobine, de boscalid, de fenhexamid, de fluopyram, d'iprodione, de pyriméthanil et de spinosad. Le biscuit fourré chocolat contient également du chlorpyriphos-méthyl et du pipéronyl-butoxyde.
La suite de la journée n'est pas meilleure :
Dîner : pain complet (deltamethrin et pipéronyl-butoxyde), thon en boîte (arsenic, cadmium et mercure), pomme (captan, boscalid, pyraclostrobine).
Goûter : pistolet gris (deltamethrin et pipéronyl-butoxyde)
Souper : pommes de terre (chlorpropham et propamocarb), salade (tolclofos-méthyl, boscalid, iprodione, metalaxyl, propamocarb, pyraclostrobine), tomates (azoxystrobine, cyprodinyl, propamocarb).
Perturbateurs endocriniens
Un tel cocktail de substances laisse perplexe. "L'intoxication chronique par la multiplication des traces, par les interactions éventuelles entre elles, c'est quand même un sujet qui reste préoccupant. Certains pesticides sont des perturbateurs endocriniens. C'est à dire des produits qui agissent sur notre métabolisme de base, sur le système hormonal. Évidemment chez les enfants, perturber le système hormonal en pleine croissance au moment de la maturation des organes sexuels, ça a des conséquences non négligeables", alerte le Professeur Bruno Schiffers.
Impact sur le développement des enfants
Au total, nous avons retrouvé dans le menu 24 substances actives dont cinq ont des effets cancérogènes possibles (captane, chorpropham, fluopyram, iprodione et propiconazole). Deux pesticides ont un impact sur le développement des enfants : azoxystrobine (effet sur le squelette des petits) et fenhexamid (retard dans le développement du fœtus). Quatre pesticides sont des neurotoxiques reconnus (acetamiprid, chlorpyrifos, deltamethrine, indoxacarbe) et trois autres sont des perturbateurs endocriniens suspectés (deltamethrine, propamocarbe et propiconazole).
il n'y a pas de risque d'intoxication
Malgré ces nombreuses traces de pesticides voire de métaux lourds (thon en boîte), les limites maximales autorisées ne sont pas dépassées : "Honnêtement, il n'y a pas de risque d'intoxication directe. On arrive au total à 1,5 mg de substances qui sont ingérées sur la journée. Ce n'est pas grand chose", tempère le Professeur.
Mais la science n'a pas encore démontré les effets sur le long terme d'une exposition quotidienne à des doses réglementaires. Le sujet est encore largement débattu et la recherche est balbutiante. Le plus surprenant dans cette expérience, c'est finalement que la présence de poison même à des doses infimes soit autorisée par le législateur dans l'alimentation des enfants.
Mais la science n'a pas encore démontré les effets sur le long terme d'une exposition quotidienne à des doses réglementaires. Le sujet est encore largement débattu et la recherche est balbutiante. Le plus surprenant dans cette expérience, c'est finalement que la présence de poison même à des doses infimes soit autorisée par le législateur dans l'alimentation des enfants.
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